Avec 3 amis: Pierre, Jérôme, Jean-David, nous avons fait la traversée de Malte à Marseille, pour amener Vapamar à son nouvel emplacement.
Notre fenêtre de traversée possible était assez serrée. D'un côté, il fallait éviter la saison des tempêtes méditerranéennes, qui démarre mi-octobre, et de l'autre, il fallait composer avec les agendas de ministre de certains des équipiers.

Mais rien ne se passant jamais comme prévu, nous avons eu à faire de nombreuses réparations de dernière minute: toutes liées à l'électricité.
Nous avons dû refaire les branchements de la console B&G, des feux de navigation, tout cela dans l'urgence car la marina nous pressait de quitter les lieux.
Le bateau chargé de vivres, d'eau, de diesel, nous sommes partis de Malte le 10 octobre, donc, en tout début d'après-midi. Direction la Sicile, puis la Sardaigne, puis enfin Marseille.

Arrivés devant la côte sicilienne, au bout de sept heures, au début de la nuit, le pilote automatique, ainsi que l'AIS tombent en panne. Le pilote automatique ne trouve pas le calculateur Nac3, et l'AIS fonctionne de temps en temps, montrant quelques bateaux et seulement lorsque nous sommes très proches.

Jérôme et Pierre essayent de résoudre le problème de l'autopilot, et moi celui de la batterie ou de l'alternateur, qui est probablement la source du problème de l'AIS.
Finalement, nous ferons toute la traversée sans pilote automatique, et avec un AIS très fluctuant, mais qui envoie notre position. C'est déjà mieux que rien!
Les quarts non stop requièrent beaucoup d'attention à cause des gros bateaux, très nombreux entre Malte et la Sicile.
Nous sommes partis depuis 24 heures quand le vent tombe complètement. L'alternateur est réparé (il était juste débranché).
La bonne humeur est heureusement de mise à bord. L'un des équipiers stresse cependant pour le jour et l'heure d'arrivée, à cause du boulot, et demande à être débarqué.

Ca tombe bien, il nous faudra atterrir quelque part en Sardaigne pour refaire le plein de gasoil.

Mais Paris n'étant pas très accessible en avion depuis le sud de la Sardaigne, nous décidons de déposer notre équipier en Corse, à Ajaccio, où nous profitons de l'infrastructure pour faire le plein et vider les poubelles.
En arrivant à Ajaccio, la VHF ne cesse de nous alerter d'un Gale to Strong Gale imminent. Il faut décider de la suite: continuer la traversée, attendre que ça passe à Ajaccio, ou laisser le bateau à Ajaccio.
Nous ne sommes plus que 3 équipiers, sans pilote automatique, déjà bien fatigués. Nous lançons PredictWind des dizaines de fois. La mauvaise météo de maintenant devient carrément très méchante pour les 5 jours suivants d'après les prévisions. Et ensuite, en novembre et décembre, il vaut mieux éviter la zone.
Nous décidons de partir, le plus vite possible, pour éviter une seconde tempête qui est annoncée au large de Monaco, et qui va souffler vers l'Ouest des vents à plus de 40 noeuds dans les 2 jours. Il y a une petite chance d'atteindre la côte entre Toulon et Marseille avant cette tempête si nous partons tout de suite.
La traversée de la Corse à Toulon est très difficile. Nous avons réduit la toile mais le bateau monte sur les vagues de plus de 3m, ralentit jusqu'à quasiment s'arrêter puis dévale de travers. Tout le monde commence à être malade. Plus personne ne mange ni ne boit ni ne parle. Le vent souffle de 25 à 40 noeuds.
Enfin, les choses se calment un peu. Le vendredi, le vent tombe un peu, à 20/25 noeuds, et vient de l'Ouest, donc de tribord. Nous sortons tout pour profiter du vent et arriver avant la tempête suivante.
Nous recommençons à manger et à boire.
La dernière partie de la traversée, de Toulon à Marseille, se déroule par vent de 25 à 30 noeuds, avec quelques rafales au dessus, mais qui nous poussent dans la bonne direction, vers l'ouest, et avec un mer raisonnable pour ce type de temps, cette fois. Nous sommes toujours le seul bateau dehors, et ce depuis le nord de la Sardaigne, il y a 3 ou 4 jours!
Enfin, nous arrivons à Marseille Port Ouest, de nuit, le lundi soir, soit juste 24 h après l'estimation malgré deux arrêts, et deux tempêtes.
Tout le monde est épuisé mais heureux d'avoir partagé ce moment. Et Vapamar arrive dans un état lamentable mais après avoir démontré ses formidables capacités dans ces conditions difficiles.
Le bilan matériel est assez lourd: nous avons cassé l'écoute de grand voile, déchiré la bande uv du génois, perdu nos feux de position. Avec l'électricité, ce seront les chantiers de 2024!
